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Dieu demande-t-il à Abraham de sacrifier son fils ?

Vous connaissez ces quelques phrases de la bible :

Gn 22

Dieu mit Abraham à l’épreuve…

Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils.Mais l’ange du Seigneur l’appela du haut du ciel et dit : « Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. »Abraham leva les yeux et vit un bélier retenu par les cornes dans un buisson.Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils.

 

Rm 8, 31 - 34

Frères, Dieu n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous :comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ?

 

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MARC 9, 2 - 10

Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne.Et il fut transfiguré devant eux.Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus.... Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre :« Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

 

Isaac, Jésus, Sergueï Navalny…

Sacrifiés à qui ?

 

Vraiment Dieu demandez-t-il à un père de sacrifier son enfant ?
Sacrifice d'Isaac

Nous avons surement tous des questions à poser au dieu qui met Abraham à l’épreuve… Quelle est cette épreuve ? Vérifier sa foi en lui demandant de sacrifier son fils ?

On ne peut pas croire en un tel Dieu. Un Dieu qui demande à un humain de sacrifier un autre humain, pour quelque motif que ce soit, à plus forte raison s’il s’agit d’un sacrifice, d’une satisfaction pour lui, d’une réparation, d’une compensation… Bref, pour lui faire plaisir… C’est non, une fois pour toutes.

Non, au nom de Dieu, car un tel dieu serait pire que l’homme… Dieu ne peut ni demander, ni tolérer un sacrifice en ce sens… Même pour réparer une offense. Dieu n’a pas d’amour propre à notre façon.

Non, au nom de l’homme, car il faut cesser de justifier l’injustifiable, le kamikaze au nom de Dieu, le meurtrier au nom de Dieu. Cette religion-là est une abomination humaine. Cela nous est aussi arrivé de la pratiquer !

Mais Dieu ne peut que s’insurger contre cela, et nous aussi ! Et que penser de l’intervention de l’ange en dernière seconde ? C’est donc que Dieu ne veut pas cela…

 

Et pourtant, Dieu dans la suite du texte, bénit Abraham parce qu’il ne lui a pas refusé son fils unique…

Et Paul dans sa Lettre aux Romains dit que Dieu n’a pas épargné son propre fils, mais l’a livré pour nous…

Et sur la montagne de la transfiguration, Dieu demande aux disciples d’écouter son Fils bien-aimé quand il dit qu’il lui faut prendre le chemin de Jérusalem…

 

Comment comprendre ?

Faut-il fermer le livre, oublier ces textes ?

NON, évidemment pas… Il faut se battre avec eux… les écouter mieux.... En fin de compte, qu’est-ce qu’on y entend ?

Abraham et tout autre humain à sa suite ne peut de lui-même sacrifier son fils, ni à lui-même, ni à une divinité, ni à qui que ce soit d’autre, parce que Dieu ne ressemble à aucun des dieux païens que les humains pensent devoir honorer… parce que Dieu le premier ne peut pas faire cela : « Ne fais pas cela", dit l'ange… C’est cela-même qui est le premier interdit !

Abraham doit sacrifier en lui l’image du fils dont il pourrait lui-même faire une victime. Il doit renoncer à lui faire porter le bois, renoncer au paternalisme et au patriarcat où le père peut faire ce qu’il veut de sa femme et de ses enfants ( il y en a du chemin à faire… parmi les humains ! )… Dieu dit : « Fais-le monter… » Fais-le monter en dignité… Reconnais-le vraiment comme un homme à son tour libre… laisse-le aller et décider de sa vie…

Donne-le, renonce à tout pouvoir sur lui. Ainsi lui-même, du cœur de cette gratuité, de cette grâce, pourra comprendre qu’il « lui faut », lui à son tour, se donner totalement, dans le plus total renoncement à toute violence et à toute volonté de sacrifier les autres à sa toute puissance… Cela est la seule façon de « se donner à Dieu », « d’accomplir sa volonté », car c’est la seule façon de sauver l’humain dans l’humain.

OUI, marchez avec lui, demande la voix de Dieu du cœur de la nuée… car c’est le chemin, le seul chemin, celui

où nous devenons des fils et non plus des esclaves à genoux,

où nous devenons des frères et non plus des serviteurs les des autres.

 

Impossible bien sûr de mener cette méditation sans que surgisse la figure de Sergueï Navalny. Des puissants ont enfreint l’interdit divin et l’ont sacrifié. A quoi ? à leur tourte puissance. Ils se sont pris pour dieu. Comme Isaac, comme Jésus, il les a affrontés en homme libre, les mains nues. Il a compris que c'est là



le seul chemin où le plus faible devient le plus fort, où la mort ouvre les portes de la vie, où le puissant aux pieds d’argile est pulvérisé.

Reste le visage, le visage transfiguré, les yeux de Navalny, si doux… et qui nous envisagent et qui nous demandent : « Feras-tu de même ? »

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